1 Introduction

L’assurance maladie met à disposition un grand nombre de bases de données consultables par tous mais assez opaques. En effet, les différents jeux de données sont de grande taille et les abréviations propres au système administratif de l’assurance maladie les rendent difficiles à interpréter au premier coup d’oeil. Notre objectif sera de mettre en lumière les différentes informations apportées par ces données. Néanmoins, nous avons été obligées d’aller chercher sur la toile, certains détails complémentaires essentiels à la clarté de nos explications.

Dans un premier temps, nous avons choisi de nous intéresser aux données statistiques concernant les professionnels de santé en France en mettant en évidence la problématique des déserts médicaux. Dans un second temps, nous étudierons les données portant sur la consommation de médicaments en France et le remboursement de ces derniers par la Sécurité Sociale.

Les déserts médicaux ou la difficulté d’accès aux soins sont des sujets d’actualité qui laissent penser à un manque de professionnels de santé. Nous allons montrer que ces phénomènes relèvent plutôt de la mauvaise répartition des médecins sur le territoire. Néanmoins, les questions concernant l’ouverture du numerus clausus et le grand nombre de départs à la retraite ne sont pas à laisser de côté. En outre, les honoraires des médecins généralistes et des dentistes, ces derniers étant connus pour leurs dépassements d’honoraires élevés, seront passés à la loupe.

La France se situe parmi les pays les plus consommateurs de médicaments en Europe. Cette surconsommation est considérée comme une dépense injustifiée représentant 71 millions de plus que la moyenne européenne. D’une part, nous allons illustrer quels sont les médicaments les plus consommés, par qui et pour qui sont-ils prescrits. D’autre part, nous donnerons une idée du rôle de la Sécurité Sociale dans les remboursements.

2 Données



  • Honoraires des professionnels de santé :
    • Spécialités
    • Départements
    • Effectifs
    • Honoraires en Euros
    • Dépassement d’honoraires en Euros
    • Frais de déplacement en Euros
    • Total des honoraires en Euros



Les données Open Medic de 2014 à 2016 présentent l’ensemble des prescriptions de médicaments délivrés en officine de ville, que le prescripteur soit libéral ou salarié (prescriptions hospitalières principalement). Pour un prescripteur donné, y figurent l’âge et le sexe du bénéficiaire, sa région de résidence, les montants remboursés, le nombre de boîtes délivrées ainsi que la classification ATC (anatomique, thérapeutique et chimique) des médicaments, développée par l’OMS.

Les principales variables sont :

  • Goupe Principal Anatomique (ATC1)
  • Sous-Groupe Thérapeutique (ATC2)
  • Age au moment des soins
  • Sexe
  • Région de résidence du bénéficiaire
  • Prescripteur
  • Nombres de boîtes délivrées
  • Montant remboursé

Remarque sur les régions : les données de la Corse sont regroupées avec celle de la région PACA.

Une ligne correspondant à un prescripteur pour une région donnée, un âge donné et un sexe donné, on décide de supprimer toutes les lignes dans lesquelles la catégorie du prescripteur est inconnue.

3 Etude des professionnels de santé

3.1 Les médecins généralistes

3.1.1 Densité médicale

D’abord, nous décidons de nous focaliser sur les médecins généralistes. En effet, le médecin généraliste est le médecin consulté en premier lieu pour n’importe quel souci de santé. Il est aussi un intermédiare entre certains spécialistes et les patients. Le médecin généraliste est considéré comme le pilier central du parcours de soin en France.

Nous proposons une représentation de la densité des médecins généralistes en France Métropolitaine. Il est important de souligner que la spécialité “Médecine générale” peut englober plusieurs sous-spécialités. Cela est propre à chaque organisme de collecte de données. Ici, nous travaillons sur la base de données de l’assurance maladie.

La région Ile-de-France sur le zoom, hormis Paris, est bien de la couleur la plus claire comme sur la carte de France.

Les départements de France métropolitaine à faible densité médicale ne se situent pas nécessairement dans les zones les plus rurales comme on pourrait le croire. L’Ile de France possède une très faible densité médicale. On peut citer la Seine-Saint-Denis avec 53 médecins pour 100 000 habitants en 2016 ce qui représente la densité médicale la plus faible de France métropolitaine. On remarque que les départements à forte densité médicale se situent davantage au Sud et sur les côtes, régions les plus attractives.

3.1.2 Honoraires

Il s’avère être pertinent de se pencher sur le lien qui peut exister entre les honoraires, reflet de l’activité du généraliste, et la densité médicale.

Il semble que les zones les moins denses en médecins sont celles où les médecins généralistes gagnent mieux leur vie. Nous le vérifions dans la sous-partie suivante.

Par ailleurs, 75 % des médecins généralistes appliquent en France les tarifs conventionnels et seulement 25 % des dépassements d’honoraires. On parle de dépassement d’honoraires lorsque les prix pratiqués sont supérieurs aux tarifs conventionnés fixés pour chaque acte médical par la Sécurité sociale.

Le tableau suivant traduit la très faible part des dépassements d’honoraires dans les honoraires totaux des généralistes. On utilise la classification par intervalles d’honoraires précédentes :

honoraires faibles moyens élevés très élevés
dépassements 1.28% 1.12% 3.17% 2.09%

3.1.3 Régression linéaire

Nous proposons d’effectuer une régression linéaire simple afin de modéliser le lien entre densité médicale et honoraires.

## 
## Call:
## lm(formula = temp$honoraires ~ Total_med$`DENSITE /100 000 hab.`)
## 
## Residuals:
##     Min      1Q  Median      3Q     Max 
## -32.287  -9.125  -1.310   8.288  37.508 
## 
## Coefficients:
##                                   Estimate Std. Error t value Pr(>|t|)    
## (Intercept)                       200.1356     7.9702  25.110  < 2e-16 ***
## Total_med$`DENSITE /100 000 hab.`  -0.5422     0.0993  -5.461 3.85e-07 ***
## ---
## Signif. codes:  0 '***' 0.001 '**' 0.01 '*' 0.05 '.' 0.1 ' ' 1
## 
## Residual standard error: 12.76 on 94 degrees of freedom
## Multiple R-squared:  0.2408, Adjusted R-squared:  0.2328 
## F-statistic: 29.82 on 1 and 94 DF,  p-value: 3.855e-07

Les coefficients sont significativement différents de zéro. Il existe donc bien un lien linéaire entre densité médicale et honoraires. On représente les départements sous forme d’un nuage de point avec la droite de régression associée. Le R² est égal à 0,24. Cela signifie que 30% de la variance est expliquée par le modèle ce qui est relativement mauvais. Néanmoins, la significativité des coefficients permet de montrer que plus la densité de médecins augmente, moins les médecins perçoivent d’honoraires.

Le graphique interactif que nous proposons permet de comprendre quels départements engendrent cette forte variabilité.

Le code couleur correspond à celui utilisé précédemment pour la carte de France.



On comprend donc que les médecins exerçant dans des départements pouvant être considérés comme des déserts médicaux gagnent mieux leur vie grâce à une patientèle plus nombreuse mais qui leur incombe un rythme de travail certainement trop soutenu …

A titre d’exemple, nous donnons le tableau suivant qui présente la différence d’honoraires moyens entre généralistes travaillant dans des différents départements :


Département Honoraires moyens en Euros % d’augmentation des honoraires
Paris 123 926.9 .
Pas-de-Calais 194 264.6 57
Dordogne 168 036.8 36


3.1.4 Les médecins généralistes, une population vieillissante

Le vieillissement des médecins est un problème inquiétant en France depuis quelques années. Le graphique dynamique suivant permet de comprendre ce phénomène.



On remarque immédiatement que les médecins généralistes sont une population vieillissante. Environ 50% des généralistes ont plus de 55 ans. Ceci est préoccupant car les départs à la retraite ne seront pas compensés malgré un numerus clausus en augmentation (pour la spécialité médecine générale), pas encore suffisante, depuis les années 90.

En outre, le graphique interactif permet d’observer une féminisation du métier. Le nombre de femmes généralistes augmente avec les jeunes générations. On atteint l’égalité pour les 45-49 ans puis on remarque que les femmes sont plus nombreuses à devenir médecins généralistes pour les générations qui suivent.

Rares sont les étudiants devenant médecins généralistes entre 25 et 29 ans, ce qui explique le faible pourcentage d’effectifs pour cette tranche d’âge.

3.1.5 Etude de l’évolution de la densité médicale entre 1985 et 2013

Pour la France métropolitaine

Si l’on observe la densité des médecins généralistes en France entre 1985 et 2013, on remarque que la courbe présente une forme de cloche et atteint son pic entre 1993 et 1998 où les effectifs se stabilisent. A partir de 1998, une forte baisse se produit pour atteindre une densité de médecins inférieure à celle de 1983.


Par département

Lorsque l’on regarde plus particulièrement chaque département, on observe à nouveau ce comportement en cloche mais beaucoup plus applati. En survolant le graphique interactif pour sélectionner un département, on observe que certains départements comme la Corrèze présentent une forte baisse ces dernières années, d’autres comme la Marne sont en lègère augmentation. En outre, la Seine-Saint-Denis a toujours eu la densité médicale la plus faible de France métropolitaine.



K-means longitudinaux

Afin de mettre en évidence quels départements possèdent un comportement similaire entre 1985 et 2013, nous utilisons la méthode des k-means longitudinaux. Cette méthode utilise la distance de Frechet et non pas des distances usuelles comme la distance euclidienne ou la distance de Manhattan. Elle permet donc de prendre en considération la forme générale de la courbe plutôt que la distance locale.

On exclut la Corse de cette méthode car les deux départements qui la composent possèdent des valeurs manquantes.


La courbe bleue en gras constitue le représentant moyen de la classe bleue. Idem pour la courbe verte et la courbe rouge. La courbe bleue en gras croît légèrement puis décroît fortement en comparaison des deux autres courbes en gras. C’est donc le comportement moyen des départements contenus dans cette classe.

Les départements du Sud, du Limousin ainsi que Paris ont donc eu un comportement similaire entre 1985 et 2013. Malgré l’attractivité de certains départements côtiers, les membres de cette catégorie sont ceux ayant connus une forte baisse en médecins généralistes les vingt dernières années. Bien qu’ils aient déjà une faible densité médicale, les départements en vert ont connu également une baisse des effectifs, certes moindre que celle des départements en bleu. Pour finir, les départements en rouge ont eu un comportement plus constant au fil du temps.


Etudions la baisse évidente pour les dix dernières années à notre disposition :


Entre 2003 et 2013, tous les départements ont vu leur densité médicale chuter exceptés le Rhône, la Marne et la Meuse qui ont sensiblement gagné en médecins généralistes.

Les 10 départements suivants sont ceux avec la plus forte baisse :

3.2 Les chirurgiens-dentistes

La seconde étude que nous proposons porte sur les chirurgiens dentistes.

3.2.1 Densité médicale

Nous remarquons comme pour les médecins généralistes la forte densité médicale essentiellement au Sud et sur les côtes, zones attractives. Néanmoins, la densité en dentiste est très faible en Normandie et en Picardie par exemple.

3.2.2 Honoraires

Il semble y avoir un lien assez présent entre la densité médicale et les honoraires moyens par dentistes.

Nous le vérifions à l’aide d’une régression linéaire.

3.2.3 Régression

Le code couleur correspond à celui utilisé précédemment pour la carte de France. Le graphique est également interactif.

## 
## Call:
## lm(formula = honor$honoraire_par_med ~ Total_dent$DENSITE..100.000.hab.)
## 
## Residuals:
##     Min      1Q  Median      3Q     Max 
## -33.774 -16.445  -2.368  13.429  67.585 
## 
## Coefficients:
##                                  Estimate Std. Error t value Pr(>|t|)    
## (Intercept)                      358.9787     8.6782   41.37   <2e-16 ***
## Total_dent$DENSITE..100.000.hab.  -2.0908     0.1719  -12.16   <2e-16 ***
## ---
## Signif. codes:  0 '***' 0.001 '**' 0.01 '*' 0.05 '.' 0.1 ' ' 1
## 
## Residual standard error: 22.02 on 94 degrees of freedom
## Multiple R-squared:  0.6116, Adjusted R-squared:  0.6074 
## F-statistic:   148 on 1 and 94 DF,  p-value: < 2.2e-16


Les coefficients sont significativement différents de zéro. Il existe donc bien un lien linéaire entre densité médicale et honoraires. Le R² est égal à 0.6. Cela signifie que 60% de la variance est expliquée par le modèle ce qui est plutôt bon même si cela pourrait être mieux. Nous pouvons conclure que plus la densité de dentistes augmente, moins ils perçoivent d’honoraires.

Le graphique interactif que nous proposons permet de situer les départements et de retrouver rapidement à quelles classes ils appartiennent.

3.2.4 Dépassements d’honoraires

Afin d’observer la proportion des dépassements d’honoraires qui compose les honoraires totaux des dentistes, nous prenons pour des questions de lisibilité un représentant de chaque catégorire.



Il est logique d’observer que les honoraires des dentistes reposent pour moitié sur les dépassements d’honoraires (on pense tout de suite au prix des implants), ce qui est peut-être plus étonnnant c’est le fait que peu importe la catégorie du département, la part des dépassements est identique.

4 Consommation et remboursement des médicaments


4.1 Consommation de médicaments


4.1.1 Evolution

Année Nombre de boites délivrées % évolution (par rapport à 2014)
2014 1 048 125 329
2015 1 145 040 369 9,2
2016 1 437 133 249 37,1

Les Français consomment de plus en plus de médicaments. On pourrait penser à première vue que la raison de cette évolution serait dûe à l’augmentation de la population elle-même. Or, d’après le tableau suivant, on constate que ce n’est pas le cas. La consommation augmente plus vite que la population.

Année Population % évolution (par rapport à 2014)
2014 64 027 958
2015 64 300 821 0,4
2016 64 859 598 1,2


4.1.2 Top 10 des médicaments les plus délivrés en 2016


Pour simplifier l’analyse, nous ne faisons pas de distinction entre les doses et le laboratoire. Les médicaments portant le même nom sont regroupés. Par exemple, le Doliprane se présente sous 21 formes différentes dans les données (DOLIPRANE 500MG PDR ORALE SACHET 12,DOLIPRANE 150MG SUPPO 10,DOLIPRANE 1000 MG GELULE 8,etc.). In fine, ces formulations seront réduites à DOLIPRANE. Cela permet ainsi de passer de 6918 à 1150 médicaments.

Voici donc les 10 médicaments les plus délivrés en France en 2016 :

Remarque : on rajoute des indications sur les effets des médicaments


Quelque soit la marque (Doliprane, Dafalgan, Efferalgan,etc.), les français sont de très grands consommateurs de paracétamol. De plus, les données correspondent aux médicaments prescrits. Or, il est possible de se procurer ce type de médicaments sans prescription. En réalité, le nombre de boites de Doliprane délivrées est encore plus élevé. Il est de loin le médicament le plus consommé en France.


4.1.3 Par tranche d’âge


Nombres de boites par tranche d’âge




Les plus de 60 ans sont les principaux consommateurs de médicaments alors qu’ils ne représentent qu’environ 25% de la population française. A titre de comparaison, les 20-59 ans représentent 50% de la population totale. Néanmoins, il est bien connu que les problèmes de santé apparaissent avec l’âge. Par ailleurs, les femmes sont aussi de plus grandes consommatrices de médicaments quelque soit la tranche d’âge.


Comment cette consommation se répartit-elle en 2016 par région ?


Sur le graphique interactif suivant, on décide d’afficher uniquement 2 régions car l’Ile-de-France est un cas particulier et les proportions de boites délivrées en Bretagne sont du même ordre que celles des autres régions.


Remarques :

- certains totaux ne font pas 100% à cause des arrondis
- les pourcentages indiqués sur les barres correspondent aux proportions de la tranche d’âge dans la population française en 2016

47% des médicaments délivrés en Ile-de-France sont consommés par les plus de 60 ans alors qu’ils ne représentent que 19% de la population dans cette région. La présence de nombreux spécialistes pourrait expliquer cela.

En Bretagne, et dans les autres régions, ce sont les 20-59 ans qui consomment le plus de médicaments. En effet, ce sont eux les plus nombreux dans ces régions.


Type de prescripteurs par tranche d’âge en 2016


Les médecins généralistes et les prescripteurs salariés (principalement hôpitaux publics) sont ceux qui prescrivent le plus de boites de médicaments pour toute tranche d’âge confondue.

Voici la répartition des autres prescripteurs :

En toute logique, les spécialistes consultés par les individus des différentes tranches d’âge sont très différents, à part pour les prescripteurs de ville tels que les dentistes, les auxiliaires médicaux, les laboratoires, ou encore les sages-Femmes.


Groupes anatomiques concernés


Les Français consomment énormément de médicaments agissant sur le système nerveux quelque soit l’âge (40% de la consommation des 0-19 ans, 54% de la consommation des 20-59 ans, 57% de la consommation des plus de 60 ans).


Sous-groupes thérapeutiques concernés


Pour le groupe anatomique Système nerveux, quel est le principal sous-groupe thérapeutique ?

Il y a 6 sous-groupes thérapeutiques pour le groupe Système nerveux :

  • ANESTHESIQUES
  • ANALGESIQUES
  • ANTIEPILEPTIQUES
  • ANTIPARKINSONIENS
  • PSYCHOLEPTIQUES
  • PSYCHOANALEPTIQUES



Parmi les médicaments agissant sur le système nerveux, ce sont les analgésiques qui sont clairement les plus consommés par les Français (85% de la consommation des 0-19 ans, 70% de la consommation des 20-59 ans, 76% de la consommation des plus de 60 ans).

Les analgésiques permettent de réduire certaines douleurs peu intenses. Dans cette catégorie, on trouve notamment les médicaments à base de paracétamol que nous retrouvons parmi le top 10 des médicaments les plus délivrés.


4.2 Remboursement des médicaments par l’assurance maladie


L’assurance maladie permet d’assurer un individu face à des risques financiers de soins en cas de maladie, ainsi qu’un revenu minimal lorsque l’affection prive la personne de travail. Une grande part de cette assurance est prise en charge par l’Etat.

4.2.1 Selon le sous-groupe thérapeutique


Quelles sont les “familles” de médicaments les plus remboursées par l’assurance maladie en 2016 ?


4.2.2 Top 10 des médicaments les plus remboursés en 2016



Ci-après, voici le montant de chacun de ces 10 médicaments et leur taux de remboursement par la Sécurité Sociale :

Médicament Prix Taux de remboursement SS
HUMIRA 1 038,52 € 65%
CRESTOR 20,56 € 65%
ENBREL 407,99 € 65%
DOLIPRANE 1,08 € 65%
GLIVEC 945,43 € 100%
NEULASTA 979,08 € 100%
GILENYA 1 727,85 € 65%
XTANDI 2 960,10 € 100%
ZYTIGA 3 071,39 € 100%
INEGY 137,01 € 65%


Remarque : les prix indiqués ci-dessus sont les prix unitaires des médicaments pour une certaine dose. Il existe différents dosages pour chaque médicament. Les prix peuvent donc être plus ou moins élevés que ceux indiqués.

En comparant ces 2 derniers graphiques à ceux réalisés dans la partie “Consommation de médicaments”, nous pouvons constater que les médicaments les plus vendus ne sont pas forcément les plus remboursés. Bien au contraire !

Le médicament Humira, le plus remboursé, ne figure pas dans les médicaments les plus délivrés et pourtant il a été remboursé à hauteur de 452 093 765 € en 2016. 526 096 boites ont été délivrées cette même année. Le prix unitaire de ce médicament étant onéreux, cela explique pourquoi il arrive en top 1.

A contrario, le Doliprane a été remboursé à hauteur de 202 401 828 € en 2016 mais il a été prescrit au moins 254 009 401 boites.

4.3 Différence entre médecins et hôpitaux publics


Il est intéressant de distinguer les prescriptions faites par les médecins de ville et par les hôpitaux publics :


Prescripteur Nombre de boîtes Montant remboursé par la SS en €
Médecins 1 221 518 112 6 119 524 854
Hôpitaux publics 188 784 090 4 653 288 496

On observe un immense écart dans le nombre de boites délivrées. Cela prouve clairement que les médicaments délivrés dans les hôpitaux sont beaucoup plus onéreux que ceux délivrés dans les officines. Cela est normal puisqu’ils sont généralement destinés à soigner des maladies graves tels que les cancers.

Voyons plus en détails les médicaments prescrits par les médecins et ceux prescrits par les hopitaux.


On constate effectivement que les médicaments sont très différents.

Les médecins préscrivent beaucoup d’analgésiques tandis que les hôpitaux publics prescrivent plutôt des antalgiques. Ces deux types de médicaments sont prescrits contre la douleur. Les analgésiques ont pour but d’éliminer la douleur avec bien souvent des médicaments à base de paracétamol alors que les antalgiques ont pour but de réduire la douleur. Ils sont souvent à base de morphine.


5 Conclusion

Aujourd’hui, certains départements ressentent déjà les effets d’un manque de médecins généralistes engendrés principalement par une répartition inégale sur le territoire. Cela risque d’empirer lorsque les professionnels de santé les plus âgés vont partir à la retraite.

Les conséquences directes se traduiront par des délais pour un rendez-vous encore allongés, des patients ne trouvant aucun médecin libéral près de chez eux qui devront se rendre aux urgences de l’hôpital le plus proche, ou bien par un renoncement aux soins.

Les départements les plus reculés et ruraux sont et seront les premiers touchés une fois de plus. Il semble urgent de redynamiser ces zones afin de favoriser l’installation des jeunes médecins.

Pour finir, nous pouvons dire que la Sécurité Sociale est essentielle dans le remboursement des médicaments très onéreux traitant les cancers et autres maladies graves. Néanmoins, que doit-on penser du Doliprane arrivant dans le Top 10 des médicaments les plus remboursés aux côtés de traitements pour la sclérose en plaques ? Peut-être que les économies tant réclamées par la Sécurité Sociale seraient à chercher ici.